Un psychanalyste se prépare à la retraite. Il a fait le calcul, il lui reste 800 entretiens avant de pouvoir tout arrêter. Cartésien, lassé, blasé, désabusé, solitaire, il n’a plus que cet objectif en tête. Sans autre projet que son fauteuil et un bon livre.
Mais voilà que sa secrétaire accepte une nouvelle patiente. Elle a insisté pour être suivie par lui. Mécontent, il la reçoit tout de même.
Et là, un décalage dans sa routine, une étrangeté dans son regard, un parfum de pomme sur la peau, le psychanalyste est touché, perturbé, curieux.
Agathe est allemande, en perte de repère, de goût pour la vie. Elle casse la distance professionnelle instaurée par le psychanalyste, elle le bouscule, le sort de sa zone de confort.
À cela s’ajoute l’absence soudaine de la fidèle, assidue, et ordonnée secrétaire, qui pour la première fois va ouvrir au psychanalyste la porte vers sa vie privée.
Une histoire très actuelle, qui porte en elle beaucoup des maux de notre époque. Des êtres fragiles, à l’apparence solide, qui s’éteignent peu à peu. Sauf que dans ce roman, l’étincelle surgit.
Une écriture qui installe une ambiance douce, vaporeuse, où soudain un claquement, un décalage, dessine au-delà des reliefs, la profondeur des personnages.
Agathe raconte beaucoup la solitude, cette façon de vivre avec les gens, près d’eux, au quotidien, les côtoyer sans rien savoir de l’autre, sans qu’un remous ne l’arrache à l’image du collègue, client, patient, voisin…
L’autrice immerge son ou sa lectrice dans un univers concret, réglé, presque terne, pour tranquillement, tendrement, le bousculer en même temps que son personnage principal, et l’amener dans un monde plus coloré, ouvert, drôle, surprenant. Parce qu’ouvert aux autres, et à ce qui se passe autour de soi.
Une jolie histoire qui embarque, promène, pose des questions profondes avec douceur et légèreté, avec malice parfois. Une tendre leçon d’humanité.